La recherche nantaise sur l’astate mise à l’honneur
Elément chimique le plus rare sur Terre, l’astate est fort prometteur pour des applications en radiothérapie ciblée des cancers. Dans cette approche, les progrès dépendent d’une meilleure connaissance de la chimie de cet élément. Des chercheurs des laboratoires CRCINA, Subatech et CEISAM publient dans la prestigieuse revue Accounts of Chemical Research une rétrospective sur 15 années de leurs travaux.
Les plus fondamentaux ont permis d’établir la nature des différentes formes stables de l’astate dans l’eau (diagramme de Pourbaix) ou de révéler sa capacité à former des interactions par liaison « halogène », une interaction attractive très spécifique et directionnelle. La détermination de l’affinité électronique de l’astate, rendue possible par une collaboration avec l’organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN – Suisse), est également essentielle pour mieux appréhender son comportement chimique.
La production du radioisotope astate-211 par le cyclotron ARRONAX a aussi permis le développement de nouvelles méthodes de synthèse radiochimiques et un vrai bond en avant concernant son utilisation en thérapie des cancers. La Région des Pays de la Loire soutient ces travaux depuis 2005 ; ils ont également bénéficié de financements du Programme d’Investissements d’Avenir (Laboratoire d’Excellence IRON et Équipement d’Excellence ArronaxPlus) et du SIRIC ILIAD, et placent aujourd’hui Nantes comme principal acteur mondial de la recherche sur l’astate.
Cette reconnaissance se distingue à l’échelle européenne par la création d’un réseau clinique international (action COST NOAR) qui vise à démontrer que l’astate-211 peut devenir la norme européenne pour le traitement de certaines pathologies cancéreuses.
Elizabeth Bernardo – CRCINA