Faire une activité physique, un levier pour favoriser le retour au travail après un cancer ? Cette question de recherche a fait l’objet d’une étude conduite par les chercheurs du programme ReWork du SIRIC ILIAD et dont les résultats sont publiés dans la revue scientifique Journal of Occupational Rehabilitation en juillet 2022.

En 2018, 3.8 millions de personnes vivaient avec un cancer en France. Avec les progrès thérapeutiques et l’efficacité de la prévention, le pronostic de certains cancers s’est amélioré, permettant d’envisager un retour au travail après les traitements. Cependant, entre les effets secondaires liés aux traitements et les conséquences personnelles de la maladie, retourner au travail n’est pas aisé pour tous. Cette question est par conséquent importante dans la prise en charge des hommes et des femmes diagnostiqués d’un cancer et en âge de travailler.

L’activité physique adaptée (APA) : le nouveau venu des soins de support

Depuis quelques années, l’activité physique fait l’objet de nombreuses études concernant ses effets sur la fatigue, la qualité de vie, ou encore sur le retour au travail après le diagnostic d’un cancer. Les scientifiques ont ainsi montré que la pratique d’activité physique pouvait favoriser le retour au travail. Afin de confirmer et préciser cette hypothèses, Tête Norbert Wilson, doctorant en épidémiologie au sein du laboratoire ESTER (Epidémiologie en Santé au Travail et Ergonomie), et accompagné de l’équipe ReWork du SIRIC ILIAD, s’est intéressé à la question de la « dose » d’activité physique nécessaire.

Pour retourner au travail, tout est une question de proportion

« Comme pour toute prescription, médicamenteuse ou non, la question de la posologie est essentielle. »

Tête Norbert Wilson

Quelle dose d’activité physique est appropriée pour améliorer le retour au travail après un cancer ? C’est cette question qui fait toute l’originalité de l’étude. Pour y répondre, les chercheurs ont réalisé une revue systématique, ou plus simplement, une synthèse de l’ensemble des connaissances actuelles sur le sujet. Au total, ce sont 8 articles scientifiques qui ont été analysés.

Ils ont montré que l’activité physique a un effet positif sur le retour au travail après le diagnostic de cancer, lié notamment à la diminution des effets secondaires des traitements. Par ailleurs, ils ont précisé la dose d’activité physique en terme de durée, fréquence et d’intensité :

« Nous avons défini les paramètres les plus appropriés pour favoriser le retour au travail : une séance de 50 à 60 minutes, d’une intensité modérée à élevée, deux fois par semaine* »

Tête Norbert Wilson

*Plus précisément, la dose la plus appropriées pour améliorer le retour au travail après cancer est comprise entre 7,6 MET.h/semaine et 15 MET.H/semaine. MET = Metabolic Equivalent for Task.

Les exercices les plus efficaces sont les exercices de renforcement musculaire, autrement dit, des exercices au poids du corps (gainage, squats…) ou avec des charges (haltères, ballon lestés), mais aussi les exercices d’aérobie comme la marche, le vélo, la danse ou la course à pied. Ces exercices doivent être supervisés par un professionnel de l’APA, car l’efficacité est d’ailleurs améliorée avec la présence d’un encadrant (masseur-kinésithérapeute, éducateurs sportifs spécialisés ou enseignants en APA).

Préciser pour améliorer la prise en charge

Au-delà de ces précisions sur les proportions, l’équipe ReWork a défini des recommandations pour la communauté scientifique. Le but : aider les chercheurs de la discipline à concevoir et mettre en œuvre les futures recherches sur cette question.

Si ces résultats sont confirmés par d’autres études, la définition d’une quantité optimale d’activité physique pour retourner au travail, permettra aux malades de retrouver plus vite leur activité professionnelle, et ainsi une bonne qualité de vie et la sensation d’un retour à une vie « normale ».

Equipe ReWork :

Lire l’article scientifique : https://link.springer.com/article/10.1007/s10926-022-10052-9

IRSET  inrs SIRIC ILIAD

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