En août dernier, le Professeur Philippe Moreau, hématologue et directeur du SIRIC ILIAD, a publié un article scientifique dans la prestigieuse revue New England Journal of Medicine, aux côtés d’une trentaine d’experts internationaux.
Chaque année, ce sont près de 5 000 personnes qui sont diagnostiquées d’un myélome multiple en France. Maladie peu connue, ce cancer de la moelle osseuse est dû à la prolifération anormale dans la moelle osseuse d’une variété de cellules : les plasmocytes. Malgré le développement de nouveaux traitements, certains malades rechutent ou ne répondent pas de façon optimale aux traitements. Pour ces patients, le développement de nouvelles stratégies thérapeutiques est essentiel.
Un essai clinique international…
Parmi les stratégies thérapeutiques les plus prometteuses, de nouvelles approches d’immunothérapies à base d’anticorps bispécifiques sont développées. Ces anticorps sont dits « Bi » spécifiques, pour leur capacité à reconnaître deux cibles différentes. Un essai clinique coordonné par le Pr Philippe Moreau, hématologue au CHU de Nantes et directeur du SIRIC ILIAD, a étudié l’efficacité d’un nouvel anticorps bispécifique : le Teclistamab. Cet essai conduit par 35 sites hospitaliers internationaux, est réparti dans 9 pays : Allemagne, Royaume-Uni, Belgique, Canada, Espagne, Etats-Unis, France, Pays-Bas et Suède.
Le Teclistamab, en tant qu’anticorps bispécifique, reconnaît deux cibles. La première cible correspond à la molécule CD3, présente à la surface de cellules immunitaires capables de détruire les cellules tumorales : les lymphocytes T. La deuxième cible est quant à elle une molécule présente sur les cellules tumorales : BCMA (pour « B-cell maturation antigen »). En rapprochant les cellules tumorales et cellules immunitaires, ces anticorps bispécifiques aident le système immunitaire à reconnaître et détruire les tumeurs.
… qui a abouti à une autorisation de mise sur le marché Européen
Au total, 165 patients atteints d’un myélome multiple et résistants aux traitements conventionnels ou en rechute, ont accepté de participer à l’étude et ont été inclus dans l’essai. Parmi eux, 63% ont répondu positivement au traitement. Ces résultats très encourageants ont été publiés dans la prestigieuse revue New England Journal of Medicine pendant l’été. Suite à cette publication, le Teclistamab a obtenu l’autorisation de mise sur le marché Européen en août 2022.
Pour un nouveau médicament au potentiel prometteur
L’avantage du Teclistamab pour les patients atteints d’un myélome récidivant ou réfractaire, est sa disponibilité clinique. D’autres traitements accessibles sur le marché, les thérapies CAR-T par exemple, demande un accès à des centres de soins spécialisés et une production de 4 semaines minimum. Au-delà de cet avantage considérable, le taux élevé de réponses complètes et durables, laisse penser que l’efficacité du Teclistamab pourrait être améliorée en le combinant à d’autres médicaments, ou en l’utilisant à des stades plus précoces de la maladie. A terme et après d’autres études, l’utilisation de ce nouveau traitement pourrait devenir un traitement standard à l’avenir.
L’article du CHU de Nantes : https://www.chu-nantes.fr/teclistamab-un-nouvel-espoir-pour-les-patients-atteints-du-myelome-multiple