Myélome multiple : vers une meilleure évaluation du pronostic ?

Grâce au SIRIC ILIAD, les équipes des programmes ThARGET & PISTER du SIRIC ILIAD, ont développé un nouveau projet sur le myélome multiple, alliant médecine nucléaire et biologie moléculaire. Ces travaux ont donné lieu à un article scientifique publié dans le Journal of Nuclear Medicine, en février 2022.

Myélome multiple pronostic

Chaque année, près de 5 000 personnes sont diagnostiquées d’un myélome multiple en France. Maladie peu connue, ce cancer de la moelle osseuse est due à la prolifération anormale d’un type de globules blancs : les plasmocytes. Au diagnostic, de nombreux facteurs moléculaires ont été identifiés et caractérisés comme facteurs pronostics de la maladie, c’est-à-dire comme facteurs impactant l’évolution de la maladie : la réponse aux traitements, la progression tumorale, …

C’est par exemple le cas de scores tels que l’IFM15*, basés sur l’expression de plusieurs gènes, associés à une progression plus rapide de la maladie. Jean-Baptiste Alberge

*Le score IFM15 est un score développé par l’IFM (Intergroupe Francophone du myélome) il y a plus de 10 ans. C’est un modèle de progression basé sur l’expression tumorale, qui consiste à combiner l’expression de 15 gènes en un score associé à la progression.

La TEP-FDG : une nouvelle source d’information pronostique

Depuis une dizaine d’année, la tomographie par émission de positons (TEP) au 18F-fluorodésoxyglucose (TEP-FDG*) est de plus en plus utilisée pour l’évaluation du stade de la maladie et l’évaluation de la réponse au traitement chez les patients atteints de myélome multiple. Plus récemment, des études scientifiques ont montré que les données TEP-FDG pouvaient avoir une valeur pronostique. C’est le cas d’une étude réalisée par le SIRIC ILIAD : https://www.mdpi.com/2072-6694/12/6/1384.

Parmi ces facteurs TEP-FDG, on retrouve la présence de lésions locales (formation de lésions au sein de l’os) ou encore de lésions para-médullaires (lésions débordant de l’os et envahissant les tissus voisins), ces dernières étant liées à un mauvais pronostic. Clément Bailly

* La TED-FDG permet d’évaluer le fonctionnement biologique de la tumeur grâce à l’injection d’un radiotraceur, ici le 18F-fluorodésoxyglucose ou FDG, une molécule semblable au glucose.

Une équipe interdisciplinaire alliant médecine nucléaire et biologie moléculaire

Grâce à la combinaison des données d’imagerie et de génomique, les équipes ThARGET (médecine nucléaire) et PISTER (oncologie cellulaire) du SIRIC ILIAD ont cherché à mieux évaluer le pronostic de la maladie, afin d’identifier des groupes de malades à risque et ainsi, de mieux les prendre en charge.

Pour répondre à ces questions, l’équipe de recherche est donc pluridisciplinaire et regroupe physiciens médicaux, médecins nucléaire, chercheurs, hématologues, biologistes… :

Equipe PISTER – Oncologie moléculaire :

  • Dr Jean-Baptiste Alberge, doctorant de l’équipe 8 « Integrative Cancer Genomics » du CRCI²NA (actuellement en post doctorat au Dana-Farber Cancer Institute, Boston, Etats-Unis)
  • Dr Stéphane Minvielle, responsable de l’équipe 8 « Integrative cancer genomics » du CRCI²NA et co-responsable du programme PISTER « oncologie cellulaire »
  • Pr Philippe Moreau, médecin hématologue au CHU de Nantes et directeur du SIRIC ILIAD
  • Pr Cyrille Touzeau, médecin hématologue au CHU de Nantes
  • Dr Hélène Caillon, médecin biologiste au CHU de Nantes
  • Dr Soraya Wuilleme & Pr Marie-Christine Béné, hématologues au CHU de Nantes

Equipe ThARGET – Oncologie nucléaire :

  • Dr Clément Bailly, médecin nucléaire au CHU de Nantes et maître de conférence à l’Université de Nantes
  • Pr Françoise Kraeber-Bodéré, co-responsable de l’équipe 2 « Oncologie Nucléaire » du CRCI²NA, chef de service de médecine nucléaire au CHU de Nantes et co-responsable du programme ThARGET
  • Pr Michel Cherel, co-responsable de l’équipe 2 « Oncologie Nucléaire » du CRCI²NA et co-responsable du programme ThARGET
  • Pr Caroline Bodet-Milin, médecin nucléaire au CHU de Nantes
  • Dr Bastien Jamet, médecin nucléaire au CHU de Nantes
  • Dr Thomas Carlier, physicien médical en médecine nucléaire au CHU de Nantes

Partenaires : médecins et chercheurs de Janssen recherche et développement, l’Institut Universitaire du Cancer de Toulouse et Erasmus University Medical Cancer Institute

Identification d’un nouveau groupe de mauvais pronostic

Afin de mieux évaluer le pronostic, l’un des objectifs des équipes a été d’identifier si les facteurs TEP-FDG se recoupent avec les facteurs moléculaires déjà connus. Il s’agit d’étudier par exemple, si la présence de lésions para-médullaires et l’expression de gènes de mauvais pronostic sont corrélées et retrouvées chez les mêmes patients à risque.

Pour cela, ils se sont appuyés sur la cohorte CASSIOPET, rassemblant des images TEP-FDG et des prélèvements biologiques aux instants clés de la maladie (diagnostic, rechute …). Grâce aux données récoltées, ils ont pu montrer que les données TEP-FDG peuvent apporter des informations supplémentaires sur le pronostic.

Si certaines données TEP-FDG permettent de retrouver des informations différentes et supplémentaires des données moléculaires, elles peuvent une fois combinées, identifier un nouveau groupe de patients à risque. Clément Bailly

C’est le cas d’un profil défavorable selon le score IFM15 et de la présence de lésions para-médullaires, qui en général n’apparaissent pas chez les mêmes patients, mais qui lorsqu’elles le sont, identifient un groupe de haut risque.

L’autre caractéristique intéressante des données TEP-FDG réside dans son échelle « corps entier » :

Les données moléculaires sont issues de prélèvements localisés, dans une zone particulière de la moelle osseuse qui ne reflète pas la maladie dans son intégralité, alors que la TEP-FDG fournit des images du corps entier. Jean Baptiste Alberge

Ainsi, l’identification de nouveaux facteurs pronostic TEP-FDG n’enlève en rien l’importance des facteurs pronostiques moléculaires. Au contraire, ensemble ils contribuent à mieux comprendre la maladie à différentes échelles, et à mieux évaluer le pronostic du myélome multiple, pour à terme améliorer la prise en charge thérapeutique des patients.

Lire la publication scientifique : https://jnm.snmjournals.org/content/early/2022/01/27/jnumed.121.262884

 

 

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