« The Hopeful Eight »: Un résumé “radioactif”

« The Hopeful Eight ». Traduction : les huit prometteurs. C’est le titre de la revue publiée en juin dernier par Romain Eychenne, ingénieur de recherche en chimie au sein du programme ThARGET, dédiée à la médecine nucléaire. Ces travaux dressent un état des lieux des huit éléments radioactifs les plus prometteurs en radiothérapie alpha.

The Hopeful Eight 

382 000, c’est le nombre de nouveaux cas de cancers en 2018, tous types confondus. Parmi les stratégies thérapeutiques, la radiothérapie interne vectorisée (ou radiothérapie métabolique) utilise des traceurs radioactifs ciblant puis détruisant spécifiquement les cellules cancéreuses. Ces traceurs sont généralement composés de 2 éléments : un radionucléide, l’élément radioactif destructeur, et une molécule « guide » vers la tumeur. Lorsque le radionucléide utilisé est un émetteur de particules alpha, on parle alors de radiothérapie alpha (ou thérapie ciblée alpha, TAT en anglais pour Targeted Alpha Therapy).

Les caractéristiques propres aux émetteurs alpha en font les destructeurs idéaux des petites tumeurs et des métastases dispersées dans l’organisme. En effet, leur rayonnement se diffuse peu dans les tissus (< 100 µm) mais libère une grande quantité d’énergie (4-8,4 MeV) qui permet de détruire les cellules cancéreuses avec précision, tout en limitant les effets sur les cellules saines.

Nantes : l’un des pionniers de l’alpha thérapie

Depuis plus de 10 ans, le Cyclotron Arronax, localisé près de Nantes, produit de nombreux radionucléides d’intérêt pour la recherche en médecine nucléaire, dont l’astate-211, un émetteur alpha à fort potentiel. Le cyclotron Arronax (dirigé par Férid Haddad) qui a été l’un des premiers au monde à pouvoir produire ce radioélément, collabore avec l’équipe 13 du CRCINA (dirigée par Michel Chérel) pour le travail de valorisation de l’astate. Entouré de Jean-François Gestin et François Guérard, responsables du groupe chimie de l’équipe 13, Romain Eychenne, ingénieur de recherche en radiochimie, a publié un article scientifique en juin 2021 dans Pharmaceutics, sur les huit radionucléides les plus prometteurs en TAT.

« The Hopeful Eight » de l’alpha thérapie : une base de réflexion pour le futur

Dans cet article Romain Eychenne propose un état des lieux global des huit radionucléides les plus étudiés historiquement : Actinium-225, Astate-211, Bismuth-212, Bismuth-213, Plomb-212, Radium-223, Terbium-149 et Thorium-227.

En plus d’une mise à jour des dernières avancées publiées dans la thématique, et contrairement aux revues précédentes, ces travaux présentent une vue d’ensemble beaucoup plus complète en traitant les radionucléides dans leur globalité : c’est-à-dire de leur production à leur utilisation en clinique, en passant par leurs propriétés chimiques et les principales études précliniques.

Les caractéristiques physiques des radioéléments ainsi que leur méthode de production sont des critères essentiels à prendre en compte pour le développement d’outils thérapeutiques. Néanmoins, la disponibilité du radionucléide considéré reste le point déterminant pour son étude et son possible transfert en clinique.

« Si la production d’un radionucléide demande des infrastructures complexes et coûteuses, peu de sites de recherche pourront l’étudier et cela ne facilitera pas une future utilisation en clinique. »

Romain Eychenne

On compte aujourd’hui trois outils principaux plus ou moins accessibles pour produire des radionucléides :

  1. Un générateur (le plus accessible)
  2. Un cyclotron
  3. Un réacteur nucléaire (le moins accessible)

Actuellement, le thorium-227 et le terbium-149 sont freinés dans leurs développements malgré des résultats prometteurs, car ils sont produits par un réacteur nucléaire ; tandis que l’actinium-225 ou l’astate-211 sont plus accessibles, car disponibles respectivement soit par décroissance de stocks de thorium-229, soit produits grâce à un cyclotron.

Ces 8 radionucléides prometteurs, possèdent tous des avantages et inconvénients, mais aucun ne surpasse les autres. « The Hopeful Eight » sont autant d’atouts pour le développement de la TAT et offrent de nouvelles opportunités thérapeutiques pour l’avenir.

Retrouvez la publication scientifique

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