Le Dr Vincent Guen, qui rejoint le SIRIC (Site de Recherche Intégrée sur le Cancer) ILIAD Nantes-Angers, est lauréat 2023 du dispositif « Etoile Montante » de la Région des Pays de la Loire.  Il fait le point sur ses travaux de recherche portant sur les cancers du sein.

Qui êtes-vous et quel est votre parcours ?

Je suis Vincent Guen et j’ai commencé ma carrière de chercheur en 2013, avec l’obtention de mon doctorat, réalisé à la station biologique de Roscoff sous la direction de Pierre Colas. L’objectif de ma thèse était à l’époque d’identifier les bases moléculaires et cellulaires d’une maladie génétique du développement : le syndrome STAR.

« Travailler sur le lien entre cils primaires et cancers »

J’ai pu démontrer au début de ma carrière que ce syndrome est en réalité dû à une malformation des cils primaires et que cette maladie est une ciliopathie. Les cils sont comparables à des antennes permettant aux cellules de capter des signaux de son environnement. Ces signaux permettent aux cellules d’activer certaines voies de signalisation qui déterminent leur devenir. Les anomalies des cils et/ou de la signalisation ciliaire entraînent de graves troubles du développement appelés ciliopathies. Au cours de mon travail sur le syndrome STAR, j’ai constaté que certaines patientes développent des tumeurs. Cette particularité m’a interpellé et motivé à travailler sur le lien entre cils primaires et cancers.

« J’ai eu l’opportunité d’intégrer le MIT en 2014 »

Dans les années 2010, les liens entre cils primaires et cancers restaient encore peu connus. J’ai eu l’opportunité d’intégrer le MIT (Massachusetts Institute of Technology) en 2014, pour rejoindre Jacqueline Lees et Robert Weinberg, spécialistes du cancer du sein. A leurs côtés, j’ai pu continuer à étudier le rôle du cil primaire dans le développement et initier mes recherches sur son rôle dans les cancers.

« Revenir aux sources ! »

Après 4 ans aux Etats-Unis, j’ai décidé de revenir aux sources : l’Ouest de la France, où j’ai intégré l’IGDR en Bretagne, puis en octobre 2021, le CRCI2NA et l’équipe de Philippe Juin dans le cadre du SIRIC ILIAD. Mon arrivée à Nantes n’est pas un hasard, je l’ai bien choisi. La première raison est la structuration particulière de la recherche sur le cancer, principalement due au SIRIC ILIAD. Les thématiques développées au sein du SIRIC ont aussi contribuées à l’attractivité du site de Nantes : l’étude du cancer du sein, la génomique et la bio-informatique. J’ai ainsi pu me projeter dans l’environnement nantais pour y poursuivre mes travaux.

Sur quoi travaillez-vous depuis votre arrivée à Nantes ?

Les recherches sur le cil primaire sont assez récentes en France, notamment dans le contexte du cancer. Mes travaux au cours de ces dix dernières années, n’ont fait que confirmer l’importance d’appliquer les connaissances de la biologie du développement à la cancérologie.

« Nous avons trouvé un nouveau moyen d’identifier un sous-type de cancer du sein agressif »

Nous avons par exemple montré qu’une dérégulation de voies de signalisation ciliaire, peut mener à la formation de tumeurs mammaires riches en cellules souches cancéreuses (cellules agressives). Cette découverte a permis d’identifier un nouveau moyen pour identifier un sous-type de cancer du sein, ce qui révèle de nouvelles vulnérabilités de ces tumeurs qui pourraient avoir un intérêt thérapeutique.

« Je souhaite mettre à profit mes compétences acquises à l’étranger »

En intégrant le SIRIC ILIAD, je souhaite mettre à profit mes compétences acquises au cours de ma carrière et notamment à l’étranger, pour développer des modèles d’études du cancer du sein, tels que les organoïdes/tumoroïdes, modèles 3D qui miment la tumeur ; et l’imagerie cellulaire, pour mettre en évidence de nouvelles vulnérabilités de tumeurs mammaires pour le moment incurables.

Quel est l’appel à projet « Etoile Montante » et comment va-t-il vous aider à réaliser vos recherches ?

Être lauréat de ce dispositif « Etoile Montante » est une véritable bouffée d’oxygène pour nos recherches ! Cela va donner un élan à nos études de la biologie du cil primaire et notamment dans les cancers du sein.


« Ce dispositif vise à identifier et accompagner les jeunes chercheurs prometteurs déjà en place dans les laboratoires ligériens. Il s’agit de leur donner les moyens de développer leur projet de recherche pour leur permettre d’accéder rapidement à une reconnaissance internationale. »

Site internet de la Région Pays de la Loire

Montant du projet : 161 000 € dont 140 000 € de subvention régionale                                                          Durée : 2 ans

Je suis très heureux d’être soutenu localement, c’est une forme de reconnaissance de mon parcours, qui me donne beaucoup d’espoir pour mes futures recherches. Grâce à cette aide, je vais pouvoir m’entourer de personnel pour m’accompagner et m’équiper d’un matériel de pointe. En plus de faciliter la mise en place de mes projets, ce dispositif va également me permettre de produire des résultats solides pour prétendre à d’autres financements importants nationaux et européens tel que l’ERC Consolidator Grant. Tout chercheur espère en avoir un !

François Guérard, chercheur au sein du SIRIC ILIAD vient d’obtenir un ERC Consolidator Grant !

Au-delà de ce financement, comment la Région Pays de la Loire et le SIRIC ILIAD vous soutiennent-ils?

Bien qu’étant des financeurs différents, les aides du SIRIC ILIAD (dont les travaux bénéficient également d’un soutien régional) et de la Région des Pays de la Loire se complètent notamment pour le développement et la caractérisation de modèles organoides/tumoroïdes pour nos travaux sur les tumeurs du sein à haut risque. Le SIRIC ILIAD contribue au développement de la plateforme Organim, qui permettra l’utilisation et la caractérisation des organoïdes, nous améliorerons ainsi notre compréhension du rôle du cil dans des cancers du sein à haut risque. De son côté, la Région des Pays de la Loire a participé à la création d’une Infrastructure de Recherche Organoïdes, qui est partenaire d’Organim.

Avec Organim, nous nous efforcerons de développer des technologies innovantes et de rupture, pour mieux comprendre les vulnérabilités thérapeutiques des cancers du sein agressifs et les prédire. Ensemble le SIRIC ILIAD et la Région Pays de la Loire nous fournissent tous les atouts pour répondre à cet objectif ! »

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